vendredi 12 mai 2023

L’Agroécologie n’existe pas

Dans le futur, c’est ce que l’on dira – que l’agroécologie est un oxymore, une contradiction dans ces termes agro - « agriculture », la culture des champs, « écologie » - ce qui rend possible notre existence sociale et physique.

L’échelle nécessaire, c’est celle du jardinage. Les champs sont tous petits. Ils sont à vrai dire des des surfaces dédiées à la longue aux pluriannuelles. Ces "champs" sont des vergers en devenir, avec des haies et des arbustes. Ce ne sont pas des champs.

Le modèle écologique à suivre n’est tout simplement pas industriel. Il n’y a pas de tracteurs ou de motoculteurs – le sol ne se retourne pas. Il n’y a ni débroussailleuses, ni girobroyeuses, pas de tronçonneuses, ni de faucheuses – il n’y a aucun outil majeur à fossile, ni à électrique.

Il n’y a donc pas d’industrie verte, si par « industrie » on se réfère à l’échelle industrielle, ni, par conséquence, de développement industriel vert.

Cela n’existera pas, écologiquement parlant.

Si c’est ainsi, c’est parce que ce qui est écologique, c’est ce qui rend l’avenir, l’avenir proche, vivable pour le vivant et que c’est le vivant qui fait le travail. Ce n’est pas à travers la multiplication des instruments infernaux de notre destruction mutuellement assurée que nous allons survivre.

De même, pour ces travaux faramineuses, Dantesques, d’installation de tramways, d’infrastructure lourde, de voies cyclables à côté des autoroutes. L’investissement – le béton coulé, l’acier forgé, le bitume et l’agrégat transporté en camion, les pelles mécaniques plus grandes que des tanks, pour faire ces œuvres, ce travail est tout en amont. Le retour sur investissement tout en aval. Et en plus, tout cet argent, tous ces salaires renforcent l’intérêt des gens à faire ces boulots de merde, donnent la préférence et le pouvoir au moins responsables et éthiques d’entre nous – il les encourage, même.

Or, c’est maintenant qu’il nous faut cesser de creuser le trou dans lequel nous nous trouvons, pas d’ici 5, 10 ou 20 ans. Nous devons cesser de faire couler le béton, cesser de forger l’acier, cesser le transport routier lourd et même léger, maintenant, et surtout pas en rajouter.

Si nous ne le faisons pas, la raison est toute simple. Le politicien qui avance de telles politiques, qui prend de telles décisions, perdra à coup sûr les élections. Ses électeurs, qui dépendent pour leur vie quotidienne du travail dans le secteur industriel, ne voteront pas pour être au chômage. Tout cet édifice, profondément égoïste, est étayée par les syndicats, autant que par le patronat, par les services, les hôpitaux curatifs et non pas préventifs, ... Nous avons une politique de nous servir sur les dos des autres, d’utilisation de rapport de force, d’ex-pouvoirs coloniaux.

Peu importe qu’il y a toujours pire – ce n’est pas en tirant sur les super-riches que l’on masque la vénalité des classes moyennes, voir populaires, dans les pays riches.

On parle beaucoup des lobbies, de l’FNSEA, de l’industrie chimique, pharmaceutique, etc., et de leur influence décisive sur les législateurs.

Ces lobbies et les élus qu’ils ont choisis et subornés à leurs objectifs, ont crée une trame législative qui favorise massivement l’industriel. Et comme dans n’importe quel rapport de force, favoriser l’industriel peut s’accomplir en pénalisant, en défavorisant, en ignorant le non-industriel. La réalité est un contexte législatif et réglementaire qui rend presque impossible de pratiquer une vie écologiquement consistante. Essayez-la. Vous allez voir. Sans voiture, sans espoir de s'en sortir, à moins de vivre dans des endroits de population dense et stressé.

Gare à celui qui ose rejeter ce système, sans moyens – il sera accusé de parasitisme, il recevra mil encouragements à se trouver un boulot – n’importe lequel, pour ne pas « dépendre des autres ». Quelle blague ! Vent debout contre lui, un chauffeur de camion. Tuer le vivant, cela rapporte encore.

Dans une économie de marché, les contraintes législatives sont si draconiennes, si efficaces, que seulement des personnes de moyens indépendants peuvent s’installer en cohérence écologique.
Ceux qui ont moins d'argent et qui doivent vraiment gagner leur vie de leur propre production essaient de s’accommoder à la réalité réglementaire et se trouvent obligés d’utiliser des tracteurs, d’avoir des grands cheptels, de ne pas employer des gens, … et, chacun, d’avoir une voiture qui crée une empreinte écologique super-négative.

Et le résultat, c’est que l’on n’y croit point à l’écologie – qui n’est visiblement que pour les riches et performants.

Ce qui n’est absolument pas cohérent – qui ne fait aucun sens.

Le mot « Transition » a été inventé pour cela – pour faire que ce qui n’a aucun sens paraît en avoir un peu. « Sur la voie de, ... », « petit-à-petit, … »

Des gros mensonges.

Le déni, ce n'est pas le déni - c'est un mensonge. Et celui qui se ment, il a besoin de croire que les autres, ils mentent aussi, de former des coalitions de menteurs. Sans vérité, pas la peine de débattre. Pas la peine de se parler, donc, ce n'est que de la mauvaise foi - ça va ?

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