jeudi 3 août 2023
à noter : cet écrit est la transcription de l'émission faite à 18h le 2 août sur la radio résistante (le nom donné à radio larzac pendant la rencontre "résistante" sur le Larzac.)
ici le fichier audio à ré-écouter :
vie de camp
J’ai pensé à une jauge de statut social sur le camp, c’est le « droit au burnout » (comme le Droit au Logement – le DAL). Par exemple, le SDF peut-être en burnout perpetuel, mais il n’a aucune reconnaissance – il n’a jamais de vacances. C’est comme les tonnes de carbone pour le climat, c’est grossier, mais cela donne un bon index du statut social relatif des interlocuteurs.
« Je n’ai pas le temps » étant la réponse la plus classique de ceux occupés de choses plus importantes comme l’accueil ou la vie en commun. Dans l’après covide ceux qui se trouvent soudés à la hanche aux réseaux sociaux ne sont pas prêts à abandonner leurs nouveaux privilèges de mixité choisie, obtenu à l’instant par un simple « clic », c’est à dire l’exclusion ou inclusion de ceux qui les interpellent. Le brassard bleu qui veut dire « je ne parle à personne, ne m’interpellez pas », est, paraît-il, l’équivalent d’une case cochée pour l’espace social physique. C’est aussi une gradation de ma magnifique théorie du « droit au burnout ».
« On veut tellement me parler que je ne veux plus qu’on me parle » – quel statut social exalté, quelle popularité inouïe !
Au média indépendant et au bureau (le nom que l’on donne à la clique règnante amorphe autour de terre de luttes, le nébuleux qui organise « résistantes »), si anarchie il y a, il y a une forte hierarchie déterminante dans cette affaire, et parfois plusieurs – mais tous s’accordent sur l’importance de ce qu’on appelait dans le folklore « le jour J », le jour où tout le monde sera jaugé – la competition pour venir est féroce, l’effet de vortex maximal.
Je fais le petit déj depuis trois semaines et demie, je suis bien placé pour le savoir. Pendant trois semaines on était entre vingt et quarante, dans les préparatifs pour le déluge de gens et de matos à venir. Il est venu, et il nous à balayé d’un revers de main, dilués subitement par mil venants, ces derniers apparemment réduits à la seule ambition de « se rendre utiles », comme des scouts, en évinçant la force ouvrière ancienne du camp. Ainsi soit-il. J’ai fait la grasse matinée pour la première fois depuis mon arrivée le 12 juillet. Cool !
A mon reveil à 7h30, allez hop, je vais au complexe néo-bureau-média indépendant pour voir l’état du burnout général, qui a remplacé l’état de grève générale, imperceptiblement. Je constate le burnout en poursuivant une politique de lynchage, pardon, cordage impératif, puisque je vois que le vent va bientôt arracher les structures mêmes dans lesquels les élites médiatiques et étatiques du lieu bourdonnent. L’effet pourrait être grave.
L’héro éponyme Francis me déclare d’un œil fixe « c’est dans le camion », j’attends dix minutes pendant que 5 ou 10 interpelleurs déterminés lui saccadent l’attention sans quartier, pour en planter de nouveau une : « Qu’est-ce qui est dans le camion ? », mais c’est trop tard , il a perdu l’attention.
« Tu sais conduire un camion ?», il me demande, sortie de sa réverie, « mais tu sais bien que je ne fais pas ces choses-là », lui dis-je – et il le sait et il se tait.
« Qui a un permis camion ? » demande-t-il subitement, de sa voix habituelle, qui n’a aucun besoin d’amplification. « Moi », dit une meuf improbable. « Viens avec moi », lui dit-il, le chauffeur s’est fait arrêter par la police à l’entrée ». Juste avant qu’il saute dans la voiture avec elle, je lui demande « et le cordage ? »
« Il y a des sangles dans le camion ».
En effet, il m’a répondu, tout est dans le camion miracle, bloqué par la police à dix kilomètres – c’est prometteur, et en plus ça va arriver – c’est quand même Francis. Après deux heures de recherche, plusieurs mots d’oiseaux et de brassard bleutisation, j’ai ma réponse ! Peut-être je vais apporter les bonnes nouvelles au médiélite après ma sieste, s’ils ne sont pas encore sanglés ou emportés par le vent. Je n’ai jamais vu autant d’incompétence physique autour d’un festival, il ne manque plus que la pluie pour en faire une vraie chocolatine de schadenfreude, comme à la FestiZAD de Nantes en février 2013.
Cela, c’est l’après, le tout sauf prêt. Mais c’est du pré-pré, la pré-préparation, qu’il faut parler. Pour certains, cela fait six mois qu’ils sont enmurés dans ces châteaux aux cieux, ils montrent des signes de burnout grave, les tics nerveux, les expressions vacantes, les applications de voltage qui font qu’ils se mettent spontanément en autocombustion pendant trois jours sans fin, avant de retomber dans la catatonie de fond, les yeux rivés sur le néant.
Ils refusent toute délégation, ils n’ont pas le temps. Je l’ai entendu hier, texto. Un intrus a pausé devant le feu-bureau. « Je voulais savoir si je peux vous servir en quelque chose ? » a-t-il dit, d’une voix tremblante, le con. Aucune réponse détectable, il a recommencé, pensant qu’on ne l’a pas entendu.
Subitement d’une voix enragée mais auto-reprimée, le chef des non-chefs l’a fixé de ses yeux d’assassin et a énoncé très clairement, d’une voix glaciale : « J’ai besoin de temps ». Tout était dit. C’est comme ça ici. Tu ne sais pas nager, fin de l’histoire.
N’interpretez donc pas les yeux fanatiques sous un sourcil froncé comme des signes d’intoxication sévère ou de perte de la raison. C’est du burnout – un état exalté où tu peux insulter tout le monde avec impunité et sans séquel, que seulement le prestige te permet d’atteindre. Sinon tu achètes ta célébrité – et ton nom est gravé sur la liste de remerciements devant les stands d’hyperconsommation prévues pour cette « grande rencontre del’écologie politique ».
J’ai la vélléité de vouloir faire naître un syndicat de bénévoles – nous sommes, après tout, les seuls ploucs sans partie prise d’office dans un monde d’élites. Sous cette trame d’analyse, on se rend compte jusqu’à quel point le bazar réflète les valeurs corporatistes dela Macronie. Des employés gratuits sans voix, des assemblées générales en simulacre de consultation, des réunions empilées qui remplacent l’action physique qu’elles sont censées gèrer, des signes fortes de panique à peine dissimulées et une installation qui a visiblement deux jours de retard déjà sur le planning, sur un événement de 4 jours. Magnifique !
Comme la consommation du grand maximum de tonnes de carbone par personne paraît être le seul but concret de cette rencontre, à part la récolte par les faucheurs volontaires de nouvelles têtes, comme les headhunters du City écolo, la stratégie prédéterminée paraît réussir. On verra. Il y a des vraies tempêtes annoncées pour vendredi soir, et nous sommes quand même la terre qui se révolte.
L’objet de l’exercise est donc :
1. S’emporter contre les Grands Projets Inutiles (les GPIs, c’est comme la Boulangerie à 4 fours de bois massifs, qui s’appelle l’IBM, pour nourrir les 20 000, pardon 5,000, faut pas jauger).
2. Il y a le FFI, c’est fondamental, c’est les non-mixtes, une sorte de bras armé de « dénonce ton porc », allié.e.s aux TdLs (Terres de Luttes, pas Terres de Liens, oui je sais que c’est compliqué, te casses pas la tête, hein). C’est le groupe, après la Conf. (la confédération paysanne) la plus musclée ici, ça se voit, c’est des cas burnouts à l’absolu, iels ne parlent qu’à iels, dans des langages hors la portée de madamoessieur.e.s toustes lea monde, si vous voyez ce que je veux dire, ça a été comme ça depuis le début, aucune explication. La langue est livre, mais les monsieurs sont obligés de porter une chemise. La torse nue a été interdite sur le camp, démontrant à la satisfaction de toustes la puissance pure de ces décisionnairesses.
Nous avons donc déjà eu trois semaines et demie d’apprentissage obligé, de ce que c’est un sysgenre (ce qui est sûr, c’est qu’il n’a aucun droit au burnout, parce qu’on ne tente même pas de lui parler car il n’a non plus droit au chapître).
Comment devenir « non-binaire » sans prendre d’hormones ? La question de l’insertion profonde dans la vie de camp se réduit à cela, bien que beau, jeune et sciences po, ça vaut pas rien non plus.
Il faut rénoncer à toute déclaration de préférence sexuelle pour les femmes, et même comme ça ce n’est pas donné. Je recommande la cultivation d’une voix tendre, presque inaudible, pleine de compassion, jusqu’à l’acceptance. Une fois au sein du sérail, oui, tu peux crier comme une mule, c’est même obligé, tu peux même le faire devant des milliers de gens qui disent « oui », c’est super ! Après, tu fais ton burnout, tu n’as rien à craindre, t’es non-mixte, c’est grégaire.
Je me sens quand même comme Stéphane Guillon a du se sentir, avant d’être viré de radio France. Il y a des choses qu’on dit et des choses qu’on ne dit pas. Faut être de souche pour les savoir.
J’suis expert en bilan carbone entre 1 et 2 tonnes par an. Je le suis parce que je le pratique. Il n’y a personne, que je saches, qui fait autant, dans cette rencontre exclusive de l’élite politique verte, à la belle campagne française. Comme un seul homme, ils sont tous venus en voiture. Ils peuvent même senourrir avec ce qu’ils ont amené, si la cantine fait meltdown.
C’est donc moi l’expert. Au niveau de l’infrastructure nécessaire, pour remplir les critères d’une écologie « réaliste » (j’explique). Cet événement hors sol démontre à perfection jusqu’à quel point le sujet est devenu tabou. Les attaques prévues et encouragées contre les Grands Projets Inutiles sont un magnifique prétexte pour ne pas en parler – des plusieurs petits projets inutiles de l’époque industrielle que nous sommes tous devenus, et comment faire une infrastructure autre que la nôtre.
Toute proposition d’une infrastructure qui remplit les cases est donc strictement censurée, sinon tuée dans l’oeuf. C’est vrai qu’il a fallu bien six mois pour ficeller le résultat des rencontres en fait accompli, mais ce l’est, j’ai pas encore vu de faille dans l’armure. Le feedback que je reçois, c’est que la population locale, étant informés que c’est des « wokes », l’évitent comme la peste, donnant aux non-mixtes un boost massif dans le sens qu’il ne reste qu’eux. On a beau leur dire, aux Larzaquiens friands de liberté « mais si vous êtes la, vous pouvez le changer », rien à faire, y veulent pas venir. L’intelligence collective, de ce fait, devient à peu près une pensée unique.
Même l’altermédia -le « nous » a été pas si subtilement transformé en une série de comptes rendus, et vous savez, les comptes rendus ne rendent jamais compte de ce qui a vraiment été dit.
Pas de vrai débat, donc, pas d’opposition, pas de satire, rien du tout, à la fin on s’ennuie d‘avance. Pas de conférence, entre les centaines proposées, sur l’agenda social, mais un mur de conférences sur la violence sexiste, de cela on peut s’assurer.
C’est comme toute discrimination collective, le sexisme positif se justifie par le sexisme supposé être déjà en vigueur, c’est une question de symmétrie équitable. Bye Bye la présomption constitutionnelle d’innocence, faut qu’ils apprennent ! L’ignorance des petits projets inutiles en faveur de la concentration de la force de frappe sur les grands projets inutiles suit le même pragmatisme discriminatif, comme si on en avait assez d’être juste, qu’on a perdu la patience et que ça suffit comme ça, déjà !!
Le burnout, c’est bon pour tous ces maux de tête. C’est très Macron. Dans le creux de sa main, il nous tient, comme les Men in Black, impassible mais sévèrement agité et prêt à tout, derrière les lunettes de soleil. Cool ! Et il sent le Chanel, bonus !
à noter : cet écrit est la transcription de l'émission faite à 18h le 2 août sur la radio résistante (le nom donné à radio larzac pendant la rencontre "résistante" sur le Larzac.)
ici le fichier audio à ré-écouter :
vie de camp
vie decamp
la jauge
Larzackiens et non-mixtes – le grand remplacement
Quelques personnes m’ont encouragé à faire descomptes rendus coup de poing dans cet atmosphère de conformisme fétide, comme ils savent que je m’enraffole, du sport national de râlage, d’autres se ferment les oreilles dès que je parle, les soumis du système. C’est comme ça. Je ne sais pas exactement pourquoi presque tout le monde s’avère conforme à l’état hiérarchique mais c’est peut-être un effet de surface.J’ai pensé à une jauge de statut social sur le camp, c’est le « droit au burnout » (comme le Droit au Logement – le DAL). Par exemple, le SDF peut-être en burnout perpetuel, mais il n’a aucune reconnaissance – il n’a jamais de vacances. C’est comme les tonnes de carbone pour le climat, c’est grossier, mais cela donne un bon index du statut social relatif des interlocuteurs.
« Je n’ai pas le temps » étant la réponse la plus classique de ceux occupés de choses plus importantes comme l’accueil ou la vie en commun. Dans l’après covide ceux qui se trouvent soudés à la hanche aux réseaux sociaux ne sont pas prêts à abandonner leurs nouveaux privilèges de mixité choisie, obtenu à l’instant par un simple « clic », c’est à dire l’exclusion ou inclusion de ceux qui les interpellent. Le brassard bleu qui veut dire « je ne parle à personne, ne m’interpellez pas », est, paraît-il, l’équivalent d’une case cochée pour l’espace social physique. C’est aussi une gradation de ma magnifique théorie du « droit au burnout ».
« On veut tellement me parler que je ne veux plus qu’on me parle » – quel statut social exalté, quelle popularité inouïe !
Au média indépendant et au bureau (le nom que l’on donne à la clique règnante amorphe autour de terre de luttes, le nébuleux qui organise « résistantes »), si anarchie il y a, il y a une forte hierarchie déterminante dans cette affaire, et parfois plusieurs – mais tous s’accordent sur l’importance de ce qu’on appelait dans le folklore « le jour J », le jour où tout le monde sera jaugé – la competition pour venir est féroce, l’effet de vortex maximal.
Je fais le petit déj depuis trois semaines et demie, je suis bien placé pour le savoir. Pendant trois semaines on était entre vingt et quarante, dans les préparatifs pour le déluge de gens et de matos à venir. Il est venu, et il nous à balayé d’un revers de main, dilués subitement par mil venants, ces derniers apparemment réduits à la seule ambition de « se rendre utiles », comme des scouts, en évinçant la force ouvrière ancienne du camp. Ainsi soit-il. J’ai fait la grasse matinée pour la première fois depuis mon arrivée le 12 juillet. Cool !
A mon reveil à 7h30, allez hop, je vais au complexe néo-bureau-média indépendant pour voir l’état du burnout général, qui a remplacé l’état de grève générale, imperceptiblement. Je constate le burnout en poursuivant une politique de lynchage, pardon, cordage impératif, puisque je vois que le vent va bientôt arracher les structures mêmes dans lesquels les élites médiatiques et étatiques du lieu bourdonnent. L’effet pourrait être grave.
L’héro éponyme Francis me déclare d’un œil fixe « c’est dans le camion », j’attends dix minutes pendant que 5 ou 10 interpelleurs déterminés lui saccadent l’attention sans quartier, pour en planter de nouveau une : « Qu’est-ce qui est dans le camion ? », mais c’est trop tard , il a perdu l’attention.
« Tu sais conduire un camion ?», il me demande, sortie de sa réverie, « mais tu sais bien que je ne fais pas ces choses-là », lui dis-je – et il le sait et il se tait.
« Qui a un permis camion ? » demande-t-il subitement, de sa voix habituelle, qui n’a aucun besoin d’amplification. « Moi », dit une meuf improbable. « Viens avec moi », lui dit-il, le chauffeur s’est fait arrêter par la police à l’entrée ». Juste avant qu’il saute dans la voiture avec elle, je lui demande « et le cordage ? »
« Il y a des sangles dans le camion ».
En effet, il m’a répondu, tout est dans le camion miracle, bloqué par la police à dix kilomètres – c’est prometteur, et en plus ça va arriver – c’est quand même Francis. Après deux heures de recherche, plusieurs mots d’oiseaux et de brassard bleutisation, j’ai ma réponse ! Peut-être je vais apporter les bonnes nouvelles au médiélite après ma sieste, s’ils ne sont pas encore sanglés ou emportés par le vent. Je n’ai jamais vu autant d’incompétence physique autour d’un festival, il ne manque plus que la pluie pour en faire une vraie chocolatine de schadenfreude, comme à la FestiZAD de Nantes en février 2013.
Cela, c’est l’après, le tout sauf prêt. Mais c’est du pré-pré, la pré-préparation, qu’il faut parler. Pour certains, cela fait six mois qu’ils sont enmurés dans ces châteaux aux cieux, ils montrent des signes de burnout grave, les tics nerveux, les expressions vacantes, les applications de voltage qui font qu’ils se mettent spontanément en autocombustion pendant trois jours sans fin, avant de retomber dans la catatonie de fond, les yeux rivés sur le néant.
Ils refusent toute délégation, ils n’ont pas le temps. Je l’ai entendu hier, texto. Un intrus a pausé devant le feu-bureau. « Je voulais savoir si je peux vous servir en quelque chose ? » a-t-il dit, d’une voix tremblante, le con. Aucune réponse détectable, il a recommencé, pensant qu’on ne l’a pas entendu.
Subitement d’une voix enragée mais auto-reprimée, le chef des non-chefs l’a fixé de ses yeux d’assassin et a énoncé très clairement, d’une voix glaciale : « J’ai besoin de temps ». Tout était dit. C’est comme ça ici. Tu ne sais pas nager, fin de l’histoire.
N’interpretez donc pas les yeux fanatiques sous un sourcil froncé comme des signes d’intoxication sévère ou de perte de la raison. C’est du burnout – un état exalté où tu peux insulter tout le monde avec impunité et sans séquel, que seulement le prestige te permet d’atteindre. Sinon tu achètes ta célébrité – et ton nom est gravé sur la liste de remerciements devant les stands d’hyperconsommation prévues pour cette « grande rencontre del’écologie politique ».
J’ai la vélléité de vouloir faire naître un syndicat de bénévoles – nous sommes, après tout, les seuls ploucs sans partie prise d’office dans un monde d’élites. Sous cette trame d’analyse, on se rend compte jusqu’à quel point le bazar réflète les valeurs corporatistes dela Macronie. Des employés gratuits sans voix, des assemblées générales en simulacre de consultation, des réunions empilées qui remplacent l’action physique qu’elles sont censées gèrer, des signes fortes de panique à peine dissimulées et une installation qui a visiblement deux jours de retard déjà sur le planning, sur un événement de 4 jours. Magnifique !
Comme la consommation du grand maximum de tonnes de carbone par personne paraît être le seul but concret de cette rencontre, à part la récolte par les faucheurs volontaires de nouvelles têtes, comme les headhunters du City écolo, la stratégie prédéterminée paraît réussir. On verra. Il y a des vraies tempêtes annoncées pour vendredi soir, et nous sommes quand même la terre qui se révolte.
L’objet de l’exercise est donc :
1. S’emporter contre les Grands Projets Inutiles (les GPIs, c’est comme la Boulangerie à 4 fours de bois massifs, qui s’appelle l’IBM, pour nourrir les 20 000, pardon 5,000, faut pas jauger).
2. Il y a le FFI, c’est fondamental, c’est les non-mixtes, une sorte de bras armé de « dénonce ton porc », allié.e.s aux TdLs (Terres de Luttes, pas Terres de Liens, oui je sais que c’est compliqué, te casses pas la tête, hein). C’est le groupe, après la Conf. (la confédération paysanne) la plus musclée ici, ça se voit, c’est des cas burnouts à l’absolu, iels ne parlent qu’à iels, dans des langages hors la portée de madamoessieur.e.s toustes lea monde, si vous voyez ce que je veux dire, ça a été comme ça depuis le début, aucune explication. La langue est livre, mais les monsieurs sont obligés de porter une chemise. La torse nue a été interdite sur le camp, démontrant à la satisfaction de toustes la puissance pure de ces décisionnairesses.
Nous avons donc déjà eu trois semaines et demie d’apprentissage obligé, de ce que c’est un sysgenre (ce qui est sûr, c’est qu’il n’a aucun droit au burnout, parce qu’on ne tente même pas de lui parler car il n’a non plus droit au chapître).
Comment devenir « non-binaire » sans prendre d’hormones ? La question de l’insertion profonde dans la vie de camp se réduit à cela, bien que beau, jeune et sciences po, ça vaut pas rien non plus.
Il faut rénoncer à toute déclaration de préférence sexuelle pour les femmes, et même comme ça ce n’est pas donné. Je recommande la cultivation d’une voix tendre, presque inaudible, pleine de compassion, jusqu’à l’acceptance. Une fois au sein du sérail, oui, tu peux crier comme une mule, c’est même obligé, tu peux même le faire devant des milliers de gens qui disent « oui », c’est super ! Après, tu fais ton burnout, tu n’as rien à craindre, t’es non-mixte, c’est grégaire.
Je me sens quand même comme Stéphane Guillon a du se sentir, avant d’être viré de radio France. Il y a des choses qu’on dit et des choses qu’on ne dit pas. Faut être de souche pour les savoir.
J’suis expert en bilan carbone entre 1 et 2 tonnes par an. Je le suis parce que je le pratique. Il n’y a personne, que je saches, qui fait autant, dans cette rencontre exclusive de l’élite politique verte, à la belle campagne française. Comme un seul homme, ils sont tous venus en voiture. Ils peuvent même senourrir avec ce qu’ils ont amené, si la cantine fait meltdown.
C’est donc moi l’expert. Au niveau de l’infrastructure nécessaire, pour remplir les critères d’une écologie « réaliste » (j’explique). Cet événement hors sol démontre à perfection jusqu’à quel point le sujet est devenu tabou. Les attaques prévues et encouragées contre les Grands Projets Inutiles sont un magnifique prétexte pour ne pas en parler – des plusieurs petits projets inutiles de l’époque industrielle que nous sommes tous devenus, et comment faire une infrastructure autre que la nôtre.
Toute proposition d’une infrastructure qui remplit les cases est donc strictement censurée, sinon tuée dans l’oeuf. C’est vrai qu’il a fallu bien six mois pour ficeller le résultat des rencontres en fait accompli, mais ce l’est, j’ai pas encore vu de faille dans l’armure. Le feedback que je reçois, c’est que la population locale, étant informés que c’est des « wokes », l’évitent comme la peste, donnant aux non-mixtes un boost massif dans le sens qu’il ne reste qu’eux. On a beau leur dire, aux Larzaquiens friands de liberté « mais si vous êtes la, vous pouvez le changer », rien à faire, y veulent pas venir. L’intelligence collective, de ce fait, devient à peu près une pensée unique.
Même l’altermédia -le « nous » a été pas si subtilement transformé en une série de comptes rendus, et vous savez, les comptes rendus ne rendent jamais compte de ce qui a vraiment été dit.
Pas de vrai débat, donc, pas d’opposition, pas de satire, rien du tout, à la fin on s’ennuie d‘avance. Pas de conférence, entre les centaines proposées, sur l’agenda social, mais un mur de conférences sur la violence sexiste, de cela on peut s’assurer.
C’est comme toute discrimination collective, le sexisme positif se justifie par le sexisme supposé être déjà en vigueur, c’est une question de symmétrie équitable. Bye Bye la présomption constitutionnelle d’innocence, faut qu’ils apprennent ! L’ignorance des petits projets inutiles en faveur de la concentration de la force de frappe sur les grands projets inutiles suit le même pragmatisme discriminatif, comme si on en avait assez d’être juste, qu’on a perdu la patience et que ça suffit comme ça, déjà !!
Le burnout, c’est bon pour tous ces maux de tête. C’est très Macron. Dans le creux de sa main, il nous tient, comme les Men in Black, impassible mais sévèrement agité et prêt à tout, derrière les lunettes de soleil. Cool ! Et il sent le Chanel, bonus !
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