jeudi 18 mai 2023
Question de territoire - d'horizontalité, marqué par des sentiers, des traces ?
La fourmilière se sert. Elle ne sert pas aux autres fourmilières, du moins, ce n'est pas son objectif - en se servant, éventuellement, elle fait naître d'autres colonies autours - c'est même nécessaire pour la survie de l'espèce. La société de fourmis peut faire fonctionner en "esclaves" d'autres espèces. Elle n'en fait pas moins des siens.
Est-ce qu'il y a de la vérité dans ces commentaires, ou n'est-ce qu'une manière entre d'autres d'envisager la vie sociale et communicative des fourmis ? Les propriétés émergeantes de ces effets combinatoires sont époustouflants, la fourmi réussit très bien sa survie évolutionnaire et somatique. Sans communication, hautement localisée, la fourmi serait nulle part, c'est toujours "les fourmis", des entités groupales, des insectes sociales, par définition.
vendredi 19 mai 2023
Sur l'axe "profondeur", il y a quelque chose qui cloche. La "globalisation" de la communication - et son instantanéité, ou indéterminisme temporel, y sont pour quelque chose, ils change qualitativement la nature de cette communication.
Cet impact social du numérique va sous les noms "dématérialisation" ou "virtualisation".
Ce sont deux mots trompeurs. Cette communication se fait bien par des moyens matériels, ces moyens contribuent à former des structures tout-à-fait réelles. Si virtualisation il y a, c'est une manière de décrire ces structures par lesquelles on passe pour communiquer, socialement.
Le tout-numérique est une expression pour dire "le monopole du numérique", un accès au social exclusivement par le numérique.
Le positionnement "social" est un modificateur, tout comme "la langue" et sa transmission. Il devient possible de transmettre des messages fiables, d'un point à autre, avec peu de perte ou de transformation du contenu. La "globalisation" a lieu par la mer et par les chemins de long courrier. Les canaux, le rail, le télégram et le téléphone fixe créent déjà, pour certains, une communication et un transport globalisés.
Comme toujours, ceux qui ne sont pas privilégiés de cet accès fluide global sont cependant très impactés, déjà, par la "colonialisation" que permettent ces moyens dits modernes de communication et de transport.
Il faut prendre le terme "oligarchie" dans ce sens, en temps moderne - la "colonialisation" consiste maintenant en "colonies" parsemés dans le globe entier d'élites de pouvoir, libres de leurs mouvements et communications.
En sens inverse, ceux qui ne bénéficient pas de cette fluidité se trouvent enlisés dans le local, prostrés devant le global. Ce n'est pas par hasard que les mouvements "localistes" - nationalistes, régionalistes, etc. sont bourgeonnants, sans pour autant changer la donne téchnologique qui crée cette réalité globalisante.
Au contraire, des alliances basées sur le localisme ne se sont jamais autant créées, au sein de l'élite, l'oligarchie - ou plutôt les plusieurs oligarchies, identifiés et non-identifiés, de personnes de "mobilité démultipliée".
Pour voir jusqu'à quel point c'est vrai, on peut constater qu'appuyer sur un bouton, ou toucher un écran, cela équivaut à une communication plus nette, précise et "parlante" que tous les mots.
Il y a aussi une subversion de la communication par langue parlée, ou écrite, par imitation - par des humains qui parlent et qui interagissent "comme des machines", influencées par les "langues" de programmation, ou qui, ayant inculqués certaines valeurs des groupes sociaux sur internet, les réproduisent dans leurs communication sociale, leurs formations de groupe, de groupe d'"interlocuteurs valides".
"safe space", "zapper", "performant", "ami", "troll", forment partie de ce nouveau lexique de la vie sociale, influencée ou vécue dans le numérique. Le rapport physicosocial humain se trouve marginalisé, actuellement, en termes d'actes conséquents. N'oublions pas que d'actes conséquents, il y en a, mais gérés à distance, sous le joug des élites.
On peut bien se demander, à ce point, en quoi cela est radicalement différent du monde d'avant ? La différence est précise - c'est l'ubiquité - l'omniprésence, la qualité monopolistique de cette communication par envoi de "paquets" d'information à distance, qui pose problème. Elle détisse la signalétique appellée "vivante" et elle le remplace.
Fourmilière
Toutes les petites bestioles à vaquer à leurs affaires, à se palper de leurs antennes, à déposer des traces odoriférantes, comme des chiens qui pissent sur des arbres.Question de territoire - d'horizontalité, marqué par des sentiers, des traces ?
La fourmilière se sert. Elle ne sert pas aux autres fourmilières, du moins, ce n'est pas son objectif - en se servant, éventuellement, elle fait naître d'autres colonies autours - c'est même nécessaire pour la survie de l'espèce. La société de fourmis peut faire fonctionner en "esclaves" d'autres espèces. Elle n'en fait pas moins des siens.
Est-ce qu'il y a de la vérité dans ces commentaires, ou n'est-ce qu'une manière entre d'autres d'envisager la vie sociale et communicative des fourmis ? Les propriétés émergeantes de ces effets combinatoires sont époustouflants, la fourmi réussit très bien sa survie évolutionnaire et somatique. Sans communication, hautement localisée, la fourmi serait nulle part, c'est toujours "les fourmis", des entités groupales, des insectes sociales, par définition.
vendredi 19 mai 2023
L'impact du numérique sur le social
Mettons qu'il y a deux axes au social - l'étendu et la profondeur. Sur l'axe "étendu" (reach), nous atteignons un zénith de nos jours - la communication peut se faire globalement - c'est tout un monde, à l'instant même.Sur l'axe "profondeur", il y a quelque chose qui cloche. La "globalisation" de la communication - et son instantanéité, ou indéterminisme temporel, y sont pour quelque chose, ils change qualitativement la nature de cette communication.
Cet impact social du numérique va sous les noms "dématérialisation" ou "virtualisation".
Ce sont deux mots trompeurs. Cette communication se fait bien par des moyens matériels, ces moyens contribuent à former des structures tout-à-fait réelles. Si virtualisation il y a, c'est une manière de décrire ces structures par lesquelles on passe pour communiquer, socialement.
Le tout-numérique est une expression pour dire "le monopole du numérique", un accès au social exclusivement par le numérique.
Signalétique
Historiquement, à part la "lumière", qui a tendance à s'approcher de l'instantanéité et l'ubiquité, tout signal est atténué et/ou modifié par le milieu, par le milieu par lequel il passe. Le messager est le message, physiquement incarné.Le positionnement "social" est un modificateur, tout comme "la langue" et sa transmission. Il devient possible de transmettre des messages fiables, d'un point à autre, avec peu de perte ou de transformation du contenu. La "globalisation" a lieu par la mer et par les chemins de long courrier. Les canaux, le rail, le télégram et le téléphone fixe créent déjà, pour certains, une communication et un transport globalisés.
Comme toujours, ceux qui ne sont pas privilégiés de cet accès fluide global sont cependant très impactés, déjà, par la "colonialisation" que permettent ces moyens dits modernes de communication et de transport.
Il faut prendre le terme "oligarchie" dans ce sens, en temps moderne - la "colonialisation" consiste maintenant en "colonies" parsemés dans le globe entier d'élites de pouvoir, libres de leurs mouvements et communications.
En sens inverse, ceux qui ne bénéficient pas de cette fluidité se trouvent enlisés dans le local, prostrés devant le global. Ce n'est pas par hasard que les mouvements "localistes" - nationalistes, régionalistes, etc. sont bourgeonnants, sans pour autant changer la donne téchnologique qui crée cette réalité globalisante.
Au contraire, des alliances basées sur le localisme ne se sont jamais autant créées, au sein de l'élite, l'oligarchie - ou plutôt les plusieurs oligarchies, identifiés et non-identifiés, de personnes de "mobilité démultipliée".
jargon
Les impacts linguïstiques ne se font pas attendre, et dans leurs grandes lignes consistent en un appauvrissement ou dépréciation de la langue purement humaine, comme véhicule primaire de communication.Pour voir jusqu'à quel point c'est vrai, on peut constater qu'appuyer sur un bouton, ou toucher un écran, cela équivaut à une communication plus nette, précise et "parlante" que tous les mots.
Il y a aussi une subversion de la communication par langue parlée, ou écrite, par imitation - par des humains qui parlent et qui interagissent "comme des machines", influencées par les "langues" de programmation, ou qui, ayant inculqués certaines valeurs des groupes sociaux sur internet, les réproduisent dans leurs communication sociale, leurs formations de groupe, de groupe d'"interlocuteurs valides".
"safe space", "zapper", "performant", "ami", "troll", forment partie de ce nouveau lexique de la vie sociale, influencée ou vécue dans le numérique. Le rapport physicosocial humain se trouve marginalisé, actuellement, en termes d'actes conséquents. N'oublions pas que d'actes conséquents, il y en a, mais gérés à distance, sous le joug des élites.
On peut bien se demander, à ce point, en quoi cela est radicalement différent du monde d'avant ? La différence est précise - c'est l'ubiquité - l'omniprésence, la qualité monopolistique de cette communication par envoi de "paquets" d'information à distance, qui pose problème. Elle détisse la signalétique appellée "vivante" et elle le remplace.
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