lundi 27 novembre 2023

ça fait mal, refaire le monde

le bon étranger et le nomade (les butés)

Scène comique – duo comique – le loyal et l’auguste, où on dit les choses qu’il ne faut pas dire, critique les mœurs de la société au sein de laquelle on est, commet les faux pas qu’il ne faut jamais commettre, tout dans le meilleur possible des mauvais goûts.

Cela se (dé)fait sur un tapis roulant, peut-être il y a quelqu’un qui pédale, pour montrer l’utilité de l’énergie non-fossile. Un ou des écrans alimente le propos.

Mais ce tapis roulant est aussi le déplacement dans le réel, la synergie du cinéma en temps réel avec les impossibles défis d’y arriver, à temps. On raconte les aventures vécues au cours de la dernière étape du voyage. La participation de l’audience est sollicitée de cette manière. On se trimbale de bled en bled avec tout ce matos et sans énergie fossile ni électrique, en demandant, par la mime et l’inaptitude, du soutien pour le projet global – refaire le monde.

D’ailleurs le titre du projet pourrait être « refaire le monde ».

La mise-en-scène de soi-même souvent tragi-comique provoque la sympathie, alors que le duo est plutôt en train de gronder l’audience. Le jeu tourne autour d’un enjeu hyper-sérieux. Tous ces paradoxes ! On peut envisager que le loyal gronde constamment ses compagnons, le film crew, l’auguste, la technique, tout le monde quoi, pour leurs ratures réelles ou imaginaires, leurs défaillances face à l’éthique inébranlable de la fin du monde. Les textes de la mise en scène représentent la réalité des points et des contrepoints des arguments réels entre les acteurs. On essaie de faire sortir à tout moment que bien qu’il y ait inaptitude, le défi est plutôt le total inadaptation du monde dans lequel on vit à une vie réellement écologique.

– Comment en est-on arrivé là ?
– Bin, moi, à vélo. D’ailleurs j’ai eu un crevaison en haut du col et j’ai pas mangé depuis vendredi. Vous avez de quoi manger pour moi ? (à l’audience – pause pour qu’ils sortent les grignotes de leurs sacs – qu’on critique pour leur industrialisme ).
– D’ailleurs, ce n’est pas que le vélo qui est crevé.
– Pourquoi t’as pas pris le camion, comme moi, j’ai dormi tranquilo ?
– Je crache sur ton camion !
– C’est pas ce que tu as dit lorsqu’on t’ ramassé à 2h du mat., t’étais bien content de notre aide, à ce moment-là.
– The show must go on.
… et ainsi de suite

On joue du réel en comique-fiction, ce qui donne une improvisation qui n’est autre qu’une conversation alimentée par des faits réels, en temps réel, ou tout au moins récemment vécus. Le ou les cinéastes, qui sont vraiment là on train de filmer, qui ont aussi édité et mis sur écran, devant l’audience, l’évidence visuelle de la dernière étape, sont en train de filmer la prochaine étape. Rien n’empêche des membres de l’audience d’y participer, de voter les morceaux, ou même de nous accompagner sur l’étape suivante. Nous sommes en devenir, notre destin ouvert.

– Liste de besoins ( s’ensuit une parodie des AGs des gauchistes, chamboulée bien sûr )

  • – Nous avons besoin de toi, toi et toi, pouvez-vous nous créer les fiches – on indique l’écran où il y a la liste à copier – et les distribuez entre vous, n’hésitez pas à en rajouter, on ramassera au cours de l’événement, …

– sinon on fera avec ce qu’on n’a pas, …

On essaie, de cette manière, de créer des ponts entre monde réel physico-social et monde virtuel, idées abstraites.

Dans la liste des besoins il peut y avoir, piaule cette nuit, compagnie humaine, quelqu’un qui est sur réseaux sociaux, nouveaux lieux pour faire le spectacle, des bons acteurs pour nous remplacer, des bons cinéastes pour remplacer les mauvais, des écrivains, artistes, bonnes à tout faire, ...

On essaie de créer un emballement.

Notes scéniques


Une certaine ingéniosité est requise pour que les objets utilisés soient transportables ()ou facilement trouvables sur place) et que l’assemblage se fasse, autant que possible, devant les yeux de l’audience. Le tapis roulant peut consister en tapis de sols rattachés. Le vélo et les rondins qui l’opèrent, les mêmes que pour se transporter. Lorsqu’on fait l’assemblée générale, on met les chaises de l’audience en cercle, s’il existe des chaises. Lorsqu’on note ce qu’il faut sur le tableau, l’acteur-cinéaste approche son objectif du tableau et l’acteur-mixage bascule la vue sur écran sur ce qui est en train de s’écrire.

Malgré l’apparent chaos et les glitchs de la mise-en-scène, une certaine fluidité/dextérité mobilisatrice se manifeste, mettant l’audience dans un état où elle peut spontanément contribuer à l’œuvre. Dans la mesure qu’on arrive à mettre les gens à l’aise, la fin de la performance peut devenir un endroit où des petites conversations entre plusieurs peut avoir lieu, pour discuter de comment mettre en œuvre diverses actions régulières d’entraide mobile sans voitures.

faite à Florac en Lozère le lundi 27 novembre 2023
https://ecowiki.inecodyn.fr/?Ca_Fait_Mal

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