samedi 16 décembre 2023

La Journée « Mobilité Lozérienne »


– Plus de mobilité véhiculaire = moins d’emploi local

J’écris ces mots sur le papier de la table « mobilité/emploi » à côté d’une étiquette « besoins ».

Il y a toute une éducation à se faire dans le fourvoiement d’un agenda, ou « comment détourner une exercice d’intelligence collective pour qu’aucune intelligence non-consensuelle n’en émerge ».

Dans un monde où les algorithmes machinaux jouent libres et les êtres humains, avec leurs « rule-based-systems » (systèmes inflexibles basés sur des lois), sont réduits à la langue de bois.

Je suis participant à la Journée de la Mobilité lozérienne, dans une grande salle de la préfecture à Mende. Ma journée a commencé de manière intéressante. M’étant levé à 3h30 pour faire le trajet à vélo de Florac, pour arriver à Mende avant 8h30, je me suis trouvé à 7km de Florac avec un petit problème mécanique – ma chaîne s’est cassée, plus de force motrice, plus de transmission, 33km à faire. Arrive le premier véhicule qui passe depuis ma sortie de Florac, je fais le stop, il s’arrête, bien sûr, je rêve, mais non ! Je me trouve avec mon vélo dans la voiture d’un très jeune gendarme de Marseille, qui monte à Paris et qui suit son GPS – on se trouve sur le Causse de Mende, à descendre par le Parc des dinosaures, malgré mes tentatives de lui indiquer le chemin, et je suis déposé à 6 heures dans le gel devant la médiathèque, on est loin de l’aube encore.

L’avantage, quand on fait du vélo, c’est qu’on produit sa propre chaleur – on est auto-chauffant, sauf sur les longues descentes à roue libre. On préfère donc le froid, pour pédaler. Là, j’ai deux heures de marche, à Mende, juste pour ne pas me geler. Je découvre la forêt des Poilus, c’est formidable, d’éducation, de respect de nos ancêtres. L’ancien maire de Mende me regarde, avec son fils, balaise, à ses côtés, son fils qui va mourir dans la première guerre mondiale.

Émotionnellement rafraîchi, bien que physiquement un peu rincé, je me présente à la Préfecture à 8h15 (au moins je ne suis plus dans une queue de sans papiers à attendre les mots péremptoires d’un fonctionnaire omnipotent). À l’intérieur, une panoplie de croissants, de petits pains au chocolat, de café, de jus de fruits, … on voit bien le contraste avec nos maigres rations de tous les jours.

On peut vite comprendre qu’avec une seule journée, on ne va pas bien loin dans l’approfondissement du sujet. En fait, si la convention citoyenne sur les mesures écologiques a eu tellement de succès productif, c’est que l’on a commencé d’abord par une exercice sincère d’apprentissage, en invitant des vrais experts pour expliquer leur cœur de métier, ainsi donnant aux « jurés » au moins la capacité d’y voir un peu plus clair.

« Les Besoins »

Ici, on voit immédiatement, avec le rubrique « les besoins » écrit tout en haut de la colonne principale, qu’on a bouclé l’affaire – on voit déjà comment ça va tourner, nous sommes là dans le rôle de canards qui s’encanaillent pour faire beaucoup de bruit – on demande d’être gavé, on a faim, c’est le moment du « wish list ». Donc « toujours plus de mobilité, plus de cars, plus de trains, plus de covoiturage », pour cette élite des subventionnés, avec une ou deux absences curieuse – pas d’usagers simples, sauf moi et un autre, dans la cinquantaine de personnes qui assistent à l’événement. Pas de représentant politique ou de fonctionnaire communal ou départemental. Pas de décisionnaire, que le monde associatif de la Lozère, finalement. Et pourtant, on n’est pas une île.

Au début de l’affaire le « facilitateur » nous demande de nous mettre en quatre groupes, aux quatre coins de la salle. Milieu associatif (plus des deux tiers des gens réunis), milieu entrepreneurial, habitants, … Je décide de me mettre dans le groupe « nomades », que j’ai inventé sur le coup et dont je suis le seul membre, au centre de la salle. J’explique que si je suis « domicilié » ou « hébergé », c’est purement pour des raisons de pragmatisme administratif – comme pour les gitans.

Il y a la dame qui dit fièrement que son empreinte carbone n’est « que » de 4 tonnes par an, y inclus le voyage en Afrique pour visiter son fils. Je l’interroge : « et les routes sur lesquels vous roulez ? » … « ah, c’est vrai que les routes n’étaient pas tenues en compte dans le modèle du questionnaire. »

Bon, sachons que la Lozère, comprenant une population d’environ 75 000, est l’un des départements les plus accidentés, avec le plus de dénivelé, de la France métropolitaine. Le coût de l’infrastructure routière, par habitant, est donc d’entre les plus élevés de la France. Sachons que le bilan carbone du transport motorisé et électrique est, en moyenne, en France, de 50 % pour cent infrastructure, cinquante pour cent véhicules. En Lozère, c’est plutôt 80 % infrastructure routière, 20 % véhicules qui roulent dessus, par habitant, un chiffre qui est accentué par l’usage des touristes. L’impact du véhicule, en terme de taille de chaussée et entretien, dépend du poids (par essieu) du véhicule plus sa vitesse/accélération – un seul tracteur ou quatre quatre va faire plus de dix fois plus de dégâts qu’un véhicule léger, peut-être bien plus que cent fois plus qu’un vélo, par exemple – l’échelle de calcul pour le renforcement des routes est également logarithmique.

Le dernier kilomètre

Le représentant de « Mobilité Lozère » déclare fièrement qu’au lieu de parler du dernier kilomètre, il faut parler du premier kilomètre, ceci dans le contexte bien connu en logistique qu’il est facile de livrer à des entrepôts, mais que c’est le dernier kilomètre jusqu’à la demeure du particulier, qui peut se révéler « compliqué » (synonyme : coûteux).

Je vais faire un résumé « audacieux » – l’être humain, il est plutôt une complication, vu du point de vu d’un véhicule (on imagine que le véhicule est doté d’IA). Ceci dans un monde où cette complication peut-être « ignorée » dans la mesure que c’est au particulier de se débrouiller pour aller à l’intermarché de Florac, avec 500 mètres de dénivelé, et d’assumer les frais de trajet. Le supermarché ne s’occupe que d’amener des denrées d’un entrepôt à un autre. Plus il ne s’occupe que de véhicules lourds, plus il économise. Le supermarché est massivement subventionné par l’état - qui doit fortifier les routes jusqu’à cent fois plus pour supporter les poids et les vitesses des camions lourds, tout cela totalement gratos pour le supermarché. Du point de vu du supermarché, mieux vaut des riches à la campagne, à tous égards, ils ont les véhicules, ils ont l’argent. Les touristes aussi, comme cela on peut fermer hors saison et économiser en main d’œuvre.

On a vu un peu où cela nous mène avec les annonces du Président Macron d’assistance aux foyers « pauvres » pour l’achat ou plutôt le leasing (location de longue durée) d’un véhicule électrique, pourvu qu’ils soient des « gros rouleurs ». Donc, on subventionne les gens pour les kilomètres qu’il avalent. Chapeau, Monsieur Macron, je n’aurais pas pu faire mieux pour gonfler notre hyper-consommation d’énergie fossile et de dépendance sur les matériaux venant de l’étranger. Génial.

COP28

Et tout cela se passe le vendredi de la semaine du COP28 à Dubaï, où l’on célèbre l’inclusion du mot « fossile », dans l’expression « transitionner » (nouveau verbe COPien) vers un monde sans fossile pour l’année « x » (c’est un peu comme la promesse macronienne de sortir du glyphosate dans un laps de temps « d’ici trois ans », pour renier sa parole la date venue).

J’ai une proposition, pour ré-induire une atome de confiance dans la parole politique et la parole toute courte, c’est d’être déjà en train de faire ce que l’on propose. On constate, avec une vision multidécennale, que les paroles les plus tranchantes ont été prononcés, par exemple, par le Club de Rome (plusieurs experts économiques de haut statut politique), en 1973 je crois, sur un avenir compté en décennies, pour que s’ensuive la course vers l’abîme, chaque fois plus effrénée, des décennies suivantes. Donc, aujourd’hui, on produit plus de déchets totalement innécessaires que jamais, on est plus que jamais industrialisée, et tout le monde est au courant de ce que l’on « devrait » faire pour un minimum de cohérence écologique et sociale.

Je m’imagine le conclave des quatre associations dédiées à promouvoir la production de chaque fois plus de véhicules, de routes et de « mobilité » pour une élite d’humains chaque fois plus réduite – l’un d’entre eux dit « mais ne pourrions-nous pas l’appeler « mobilité douce » ? » « Ah non, quand même pas » dit un autre, « nous serions coincés dans notre logique de « toujours plus de mobilité » à ce moment-là. »

L’affaire est bouclée. On a fait un tour de table sur ma première table, pour voir le mode de transport utilisé par chacun pour venir. Tout le monde est venu des quatre coins de la Lozère en voiture, sauf moi, en vélo à jambes, l’idiot de la partie. En dehors de la salle, quatre vélos électriques, payés par « nos impôts », pour ceux qui ont fait le « premier kilomètre » de Mende. On peut juger de la bulle d’irréalité dans laquelle on vit par les réponses des gens, ils parlent maintenant, comme les américains depuis longtemps, de « temps de trajet », les kilomètres et surtout le dénivelé les échappent totalement.

Je tente une exercice pédagogique, « toi tu brasses combien d’énergie ? je demande au directeur de Lozère mobilité. Aucune idée. Et un quatre quatre ? Non plus. Bon les chiffres pour une personne moyenne (60-70kg) sont de l’ordre de 60 Watts, l’équivalent d’une vieille ampoule électrique, et de 10 000 Watts (10kW) pour un quatre quatre. Grosso modo, 100 à 200 fois plus d’énergie consommée par le véhicule en question. J’explique « il faut quand même tenir en tête que le vivant dépasse très largement, en performance, toutes les machines que nous utilisons au quotidien. Même si si on rajoute au calcul le temps de trajet, l’humain, et n’importe quel animal doué de locomotion propre, est plusieurs fois plus économe qu’un véhicule motorisé. »

L’objet est quand même de réduire nos empreintes énergétiques.


Je suis sûr que si cet événement avait eu lieu au cours de plusieurs journées, avec des éléments de pédagogie simple, les écailles seraient tombées des yeux des participants, mais le cadre administratif a été scénarisé par un équipe de « facilitateurs » qui a mis le bâton dans les roues chaque fois que l’on risquait de sortir des chemins connus. Je m’étonne encore de cette nouvelle mode de « gestion de groupe », il y a le gestuel, il y a toute la logistique framasoft et Facebook, il y a la centralisation et il y a les petits groupes fragmentés, chacun sur sa « table », en train de faire des « décisions » sur le projet le plus donnant, après vingt minutes de discussion.

Les deux groupes avec sans doute le plus de vrai intérêt et/ou de pouvoir matériel, les usagers et les sections du fonctionnariat chargés de la logistique, de l’infrastructure et du planning urbain, n’étaient pas là, les décisionnaires politiques non plus.

Au cours de la réunion, j’ai pu constater que la seule personne avec une relative expertise dans le domaine de la logistique routière, la mobilité et son impact social, c’était moi, basé sur le dictum de Socrate qu’après avoir bien questionné les sages sur un certain nombre de sujets, il s’est aperçu qu’ils ne savaient pas du tout de quoi ils parlaient, tout en se faisant passer pour "autorités", tandis que lui, qui en savait plus loin qu’eux, savait bien peu de choses.

Je me proclame donc fièrement « expert » à toute opportunité maintenant, en notant que personne ne m’accorde cet illustre titre. Dans un tel contexte de journée de réunion, cela aurait eu un bel effet que quelqu’un avec la responsabilité dans le fonctionnariat local pour l’entretien des routes explique à peu près en quoi ça consiste – et combien ça coûte. J'imagine que ce serait difficile, pour lui, d’expliquer combien cela coûte à la planète humaine, il y a le mot « Jobsworth » en anglais, dans l’expression « it’s more than my job’s worth », ce qui veut dire que l’on ne tue pas l’oie qui pond les œufs en or. Dans le cas de quelqu’un pour lequel le boulot consiste à faire couler le goudron à flots, en utilisant les machines les plus grosses et énergivores possibles (économie d’échelle, comme pour les supermarchés), pour créer des routes chaque fois plus robustes, s’il faisait une analyse écologiquement et sociale cohérente, il ne pourrait que démissionner – une sorte de Hara Kiri professionnel.

Reste que les seules personnes avec lesquelles j’ai pu avoir des conversations sensées sur le sujet de la logistique et de l’infrastructure, ce sont les professionnels, les ingénieurs des Ponts et Chaussées, de l’École des Mines, tellement le sujet est invisibilisé. Auparavant, la dîme, la corvée, les cantonniers locaux étaient aussi des citoyens.

Dans la partie concluante de ce marathon, vers 17h30 le vendredi soir, j'ai avoué ma profonde déception sur la journée, j’ai observé qu’elle manquait de démocratie La démocratie participative nécessite aussi une connaissance des causes. La délibération démocratique « a besoin » de consentement éclairé.

C’est-à-dire que la thérapie cognitive de groupe est d‘abord de s’apercevoir des vrais enjeux et quantités au centre de la matière dont on discute.

Pour la vaste majorité des participants à cette journée, le principal objet d’intérêt était « les sous » et « combien de véhicules en plus est-ce que l’on pourrait acheter avec les sous ». Je simplifie à peine.

L’astuce, pour arriver à un tel niveau d’insouciance et d’ignorance pure et simple sur la base du sujet de la réunion, est d’abord de parler d’une manière exclusivement auto-référentielle. Selon la méthode néo-libérale devenue si classique que même la gauche radicale la pratique, dorénavant, on établit des alliances de circonstance avec ceux qui ont la même problématique – pas assez de « mobilité » dans le cas de l’élite associative de la Lozère, pour eux et elles spécifiquement, puisque leur méthode de travail est d’aller en véhicule, souvent collectif, aux quatre coins de la Lozère sur les jours successifs de travail de la semaine, ainsi évitant d’employer des gens dans ces coins perdus. Chaque nouveau venant doit être équipé pareil, dans le meilleur des cas, selon cette vision.

J’ai eu une vision personnelle de plusieurs professionnels et fonctionnaires qui se décident qu’au lieu de faire une vidéo-conférence, cette fois-ci, ils viendront faire un pique-nique sur le Mont Lozère. La scène est de deux douzaines de mini-buses à gazole venus des extrémités de la Lozère, en cercle, en coupe-vent, avec leurs conducteurs, un par véhicule, au centre du cercle. Le titre de la composition pourrait être « Faune du Parc Naturel de la Lozère ».

Je note à la table de « mobilité Lozère », que vivre dans une ville comme Florac, c’est vivre dans un endroit où tous les fonctionnaires se vident à la fin de la journée ouvrable. Les forces vives ayant évacué les lieux, la ville est raide morte, le soir, hors saison. L'infrastructure et les résidences secondaires stagnent, gentiment, pendant que les SDFs et les immigrés se gèlent, dehors.

La manière des élites locales « de fait » de manigancer les opérations de telle manière qu’ils ne fréquentent jamais en groupe participatif les populations théoriquement desservies, préférant systématiquement des « ones on one », des interviews personnalisés d’insertion sociale, des « projets personnels », ne cesse de m’étonner, c'est tellement flagrant. Nous n'avons qu'à demander nos subventions - mais sommes-nous assez riches pour en avoir ?

Cela ne peut pas se passer autrement, si nous continuons d’exporter tous les sous que nous gagnons en dehors de la Lozère, en pétrole, en bitume, en portables, en véhicules. Le mieux que nous pouvons espérer, c’est que les impôts récupérés sur le pétrole par les autorités centrales nous reviennent – notre élite décisionnaire doit aussi avoir du pouvoir dans l’exécutif central.

Tout bon fonctionnaire, associatif, et la pléthore des accompagnants nécessaires, doit donc se dresser vers l’échelon supérieur pour attendre les miettes qui tombent de la table, les « gens du coin » ne comptent pour rien, sauf en termes de problématique, les transients ont comme fonction de justifier les salaires de ceux qui les soignent.

D’où l’inconfort visible de cette élite « mobilité lozérienne » de ne pouvoir compter que deux personnes, là, avec comme seul titre « usager du système ». Encore plus tragique, ni l’un ni l’autre était Lozérien, ils n’étaient même pas « résidents », mais « dépendants » de l’une des associations qui a lancé la journée. Pas très gai, si l’on voulait se faire passer pour représentatif de quoi que ce soit, au niveau de la population locale, pas d’échantillon très convainquant de la démographie locale réelle.

Malgré les apparences, bien sûr, on apprend vite que comme pour les entreprises fossiles comme Total, tout est rose et on fait le mieux qu’on peut, dans la sincérité la plus absolue, bref, une autre
forme de greenwashing (grooming) mutuelle.

Témoigne l’attitude désabusé total des deux « usagers », le « vote blanc » habituel, quoi, le rejet habituel de la politique politicienne habituelle.

Le problème avec les élites locales rurales en France, je n’ai pu que le noter, c’est qu’ils ne s’identifient pas du tout comme faisant partie de l’élite. Ce qui donne parfois des conversations totalement surréelles. Comme tout le monde, ils se trouvent attrapés dans une logique infernale d’auto-justification sans fin, cherchant désespérément des potes pour pouvoir se décontracter socialement – ce qui mène tout naturellement à ce genre d’entre-soi exclusiviste. La seule chose qui m’a vraiment frappé – et à beaucoup d’autres je le crois bien, c’est un chiffre, 1 pour cent et demi de la population lozérienne utilise le réseau de transport collectif public (les bus).

Tout ça pour ça. C’est vraiment très peu, un pour cent et demie, j'ai du mal à le croire.

Ne s’identifiant pas comme élitaires, dans leurs pensées, ils paraissent ne pas noter qu’avec les catégories macroniennes – devenues courantes dans la mentalité corporatiste de l’époque Macron, il suffit d’allouer des catégories échelonnées, tels que « bénéficiaire », emploi aidé, conseiller, professionnel, bénévole, CDI, etc., pour parvenir à des niveaux de pouvoir sur le sort des autres qui ne ressemblent à rien de plus que le pire des stratifications sociales du 18iême ou 19iême siècle.

Pour obtenir des biens de subsistance primaires, logement et nourriture, tu dois accepter l’« accompagnement » sur un « parcours d’insertion sociale » ou, pire, un « projet personnel d’insertion professionnelle ». Ce qui veut dire que tu vas toucher des sous de l'état. Si tu refuse cet arrangement faustien, tu es sans intérêt. Ce qui veut dire que tu te trouves devant quelqu’un de 25 ans qui peut te rayer de la carte s’il ne t’aime pas. Tout le monde, sauf celui qui détient le pouvoir, essaie d’être très poli à ce moment-là. Il est intéressant de noter les abus de pouvoir, l’insolence, je dirais, de ces petits fonctionnaires, renaître, dans le confort de leurs rôles indémontables institutionnels. Il faut peu d’avantage social pour que l’être humain moyen devienne un vrai facho.

Comme s’ils n’avaient pas compris, qu’ils ne voulaient pas comprendre, que seulement ceux qui étaient assez riches pour se payer un véhicule et l’essence qui va dedans pouvaient vivre en campagne. Que l’utilisation réelle du transport collectif était si pitoyablement, abysmalement réduite parce qu’il ne restait à vivre ici que des riches – des riches qui se sentent pauvres, puisque au moins 8000 euros par an (véhicule légal plus carburant, annuel) est le seuil d’entrée à cette société, aujourd’hui.

Et vous en voulez plus ! Rassurez-vous que les cas sociaux qui alimentent les professionnels, ils ne pourront plus tenir pied dans une telle configuration socio-économique, sauf s’ils attirent des tonnes de subventions, des doubles-RSA. Le travailleur agricole, il ne peut plus tenir, logiquement – il n’y a que des machines qui font le travail, en tous cas, la tribu de chasseurs à quatre quatre, autre élite rurale, se pavane.

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