Géopolitique du sol


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boutures en terrain inhospitalier

Il paraît que le sens racinaire du mot géopolitique relève de notre lien vital avec les reliefs et la géologie, la topographie de nos milieux de vie. Alors que l'emploi courant de ce mot communique la vision et l'hégémonie des grandes puissances mondiales.

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calaborie

Une géopolitique du sol prend le sous-strate de nos vies comme indice, cumulatif, de tous nos efforts et absences, afin de mesurer l'amélioration ou la détérioration de la qualité de nos sols. Par qualité on communique la vitalité - la présence de la vie, dans le sol. Un désert absolu, par exemple, c'est un sol sans vie parce que sans eau, même l'air il est sec. Une garrigue ou un maquis, c'est une vie réduite. Une savane, une vie adaptée à la sécheresse, les saisons. Chaque vie grapille, s'assoiffe, se désaltère, motivée - animé.

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chat devanture

Et cela à l'échelle du micro aussi bien que du macro.

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grapillement vertical

Nous sommes à l'époque de la pensée systémique, écosystémique. - notre démographie démultipliée dépasse la raison d'état. Ce n'est plus inter national. Les alliances des ONGs et des intérêts, des lubies et des éléphants blancs industriels, sont mondiaux.

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nature moitié morte

Au niveau d'une métropole, les autorités locales s'étant bien saisies de l'enjeu vital, on sectionne le cadastre par pourcentage de sols "artificialisés" et naturels.

Et en ce faisant, on artificialise tout, en toute innocence.

La vie se construit à partir du plus petit, les photons, les atomes, les molécules d'eau, la perspiration des gouttelettes sur une toile d'araignée à l'aube. Le rayonnement solaire tape chaque volume, chaque surface, ainsi pulse son énergie primaire pour se diversifier au ras du sol.

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tronqués

La métropole impose son plan quinquennal, pour le bien et pour le mal, son écosystème d'excès de vitesse, sur le tout, sur l'ensemble.

Les fractures dans le béton, les interstices entre les pavés, les craquelures et ondulations des racines sapinaires, amateurs du goudron.

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l'un desmil remakes de la place dela comédie

À eux seuls, ils représentent la surface cumulative la plus importante, dans nos métropoles, tous en train d'essayer de se rattacher, vainement dans la plupart des cas, de rétablir le courant, mais le jus se remet dorénavant à l'échelle métropolitaine - ça s'allume, ça s'éteint, comme un réverbère dans le désert, mais sur toute la surface, ensemble, en masse.

La vie est déboussolée, elle s'adapte aux rythmes de la navette, aux pulsations quotidiennes amplifiées, elle rentre en résonance, épileptiquement, en spasme.

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mangrove murale

La ville dort, elle se réveille, partout pareil, des pointes de lumière s'allument, des portables vrillent, des connexions étranges s'établissent entre fuseaux horaires, des machines se mettent en branle, un univers de vibrations, d'infrason assourdissant qui ne s'entend que subliminalement mais qui se voit sur les visages tendus et difformes.

Le sol n'y est pour rien. Pour ne prendre qu'un exemple, allons dans les pépinières situées aux bords des voies express à l'entrée des villes, leurs oliviers en pots fièrement mis en évidence, hors sol, empaquetés prêts à l'usage, livrés à l'instant en camion-grue, placés ci et là dans des parcs et jardins, comme des plots d'appoint visuel, des plants, expédiés à destination.

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mural

On dit souvent que les Utopistes, les irréalistes, ce sont les soulèvements de la terre, mais la vraie Utopie, on la vit maintenant, elle est industrielle, d'apparence, d'appareil, on la trouve là où les arbres font cette danse macabre, au rythme des translations, des flux de trafic, un grotesque simulacre.

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