vendred 13 / samedi 14 octobre 2023

L’auto-ségrégation de l’espace-temps dans une petite ville de la campagne française


Le lecteur attentif saura déjà de quoi on parle : de l’automobile. C’est à partir de lui que l’auto-ségregation se détermine. Il décide non seulement de la présence ou l’absence des gens dans des lieux déterminés, mais aussi de qui déterminera et qui se soumettra à cette détermination. Les riches en mobilité détermineront. L’autonomie ou « auto-mobilité » des uns deviendra l’esclavitude spatio-temporel des autres.

L’erreur que l’on peut faire, dans l’analyse de ces phénomènes, et de séparer les flux (les automobiles et les routes) des lieux (les soi-disants « centres »). Tout lieu est un lieu. Les communications vont d’un lieu à un autre, en passant par des lieux. On a maintenant plusieurs lieux qui sont sous-utilisés, surtout « utilisés » par des membres de l’élite. Il faut analyser flux et lieux en même temps pour comprendre comment ça marche. Il existe un outil pour cela : le vecteur.

*nota – les églises et temples – les lieux de culte, restent vides en général, la plupart du temps, actuellement. Ces lieux sont souvent sujets au pouvoir décisionnaire des communes dans lesquelles ils se trouvent. Le blocage de ces lieux est un précurseur et révèle le problème du "sens" - que v-a-t-on faire d'un lieu désigné pour un usage, pour lequel il n'est plus utilisé?

Vecteur de transmission

On pense ici tout de suite aux virus, des objets tangibles, qui « se déploient » ou qui sont déplacés à des vitesses et des distances variables (répansion).

Mais le virus n’est « que » de l’information. Il in-forme, il promeut ou il déclenche de l’activité.

*nota – j’ai entendu un reportage ce matin sur l’assainissement de l’air extérieur dans une cour d’école moyennant des extracteurs de particules fines - mais de quels particules se traîte-il ? Par exemple, le levain dépend de ferments naturels, des levures qui se trouvent dans l’air. Comment discriminer les particules que l’on élimine de ceux qu’on retient ? Tenant en compte que les particules vivants ont déjà des plans d’action là-dessus.

string theory (théorie des cordes, nœuds de vipères, singularities)

Entanglement (intrication, emmèlement, enchevêtrement). Pour désemmèler un nœud complexe dans une corde, nous avons l’habitude de chercher à tirer des bouts du noeud en extension pour mieux voir celui qui va où, le faire passer dans l’autre sens, jusqu’à ce que la ou les cordes soient désemmèlés (unravelled) de nouveau.

Une partie du phénomène de blocage vient du fait qu’un fil (corde, ficelle) ne paraît pas avoir beaucoup de propriétés à part celle d’être linéaire et tensile, en extension, mais dans un nœud son épaisseur, sa flexibilité assument de nouveau une importance critique. Ces propriétés sont bien physiques, dépendent bien de l’organisation de la matière physique et peuvent facilement se voir de l’oeil humain.Si je dis ceci, c’est pour rappeler qu’il y a les métaphores et il y a les phénomènes réels. La matière physique n’est pas juste une question de quantité, mais de l’organisation, à toute échelle. Pour autant que je sache, la description d’un filet comme « une quantité de noeuds » manque de valeur explicative.

Des goulets d’étranglement

Il est étrange et signifiant, pour moi, que l’on peut noter, à partir de 2013, une montée de l’importance et un subtile changement du sens des mots « facile » et « confort ». Facile devient l’antonyme de compliqué, pas difficile. Le confort s’associe fortement avec la facilité. Ce duad est vu non seulement de manière positive, mais de plus en plus comme essentiel.

Mon hypothèse serait que la surcharge mentale et le manque d’autonomie de choix n’ont pas été les premières concernes des humains pendant la plupart de leur histoire sur terre, et ceci, pour une raison assez simple, la prise en charge de la plupart des problématiques était déjà déterminé par « le paysage », par nos interactions avec celui-ci.

Mon hypothèse est que les affres de la vie moderne sont arrivés à un pic où, comme des nœuds dans le flux informationnel, les problèmes qu’elles représentent sont à la fois vitales, iressolvables et sans fin. On perd donc de l’autonomie et du contrôle, dans sa vie réelle. Le rétablissement de cette auto-détermination et cette « tranquilité » devient le but central. Le conflit essentiel est entre la priorité individuelle et celle du collectif. Les plus fortes associations d’individus sont celles qui ont comme but de favoriser l’autonomie individuelle de leurs membres.

Chacun décide – c’est l’axiome du marché libre, mais le « goulet d’étranglement » est devenu l’accès à l’hyperconsommation, plutôt que l’auto-déterminisme par le transport de son corps soi-même, en rélation avec d’autres corps, comme dans le cas du virus. L’information déterminante, de sa sécurité et de sa liberté d’association est déterminée par l’accès à une panoplie de ressources, un paysage, un environnement, qui n’a que très peu de relationnement avec son pouvoir physique, sinon ses pouvoirs extensiles, apportés par des machines personnelles. Le prix d’entrée dans cette économie de choix devient de plus en plus élevé.

L’analyse spatio-temporel de cette économie est révélatrice, elle montre que c’est l’espace-temps qui s’est asujetti à des flux vectoriels qui ont de moins en moins de rapport avec les faits sur le terrain. Notre poursuite de la richesse qui nous achète l’autonomie devient elle-même la cause de notre déroute. Il faut peut-être mentionner que cette analyse démontre que l’essentiel, pour nous, reste le même, le cadre reste l’espace-temps, ce qui est recherché – la motivation, également.

Les instruments d’analyse que j’emploie sont familiers, touchant à plusieurs disciplines, la mathématique pure, l’urbanisme, le numérique, les sciences du vivant, la logistique, la physique, pour commencer. Mais ce cadre analytique permet d’expliquer dans une trame unique d’analyse le lien causal direct entre la crise écologique et la crise sociale. Les résultats sont directement mesurables – la manière d’occuper la terre des riches crée des espaces désoccupés, par les humains et par le vivant en général, ensemble. Ce n’est que lorsque l’analyse devient « vectoriel », traitant de l’espace en fonction des mouvements dans le temps, que le signal devient clair. La campagne, le silence. Les hectares de sol nu, pulverisé, occupé par des fines couches d’herbe, ou par des monocultures. Des réserves, des mégabassines, des lieux bâtis, tous en attente, … des riches. Pour qu’ils n’y fassent, … essentiellement rien, ou rien de bon.

Notre campagne est devenu celle-ci.

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